Ryoichi Kurokawa
Biographie :Ryoichi Kurokawa est un artiste audiovisuel et compositeur japonais reconnu pour ses installations immersives et ses performances en direct qui fusionnent éléments sonores et visuels en des expériences sensorielles cohérentes. Sa pratique explore l’interaction entre les phénomènes naturels, les systèmes technologiques et la perception humaine à travers des visuels abstraits précisément synchronisés et des paysages sonores électroniques expérimentaux.
Les œuvres de Kurokawa transcendent les frontières conventionnelles de la perception sensorielle en créant des environnements méticuleusement orchestrés où la précision numérique rencontre la fluidité organique. S’inspirant de modèles issus de données scientifiques et de processus naturels, il transforme des structures mathématiques et des rythmes biologiques en une forme d’art alliant sophistication technologique et résonance poétique.
Il est particulièrement salué pour sa capacité à transposer des données scientifiques et des processus naturels en art, générant des visuels qui évoquent des formes organiques tout en étant traités avec une précision numérique. Depuis plus de 20 ans, il est un pionnier sur la scène de l’art audiovisuel. Kurokawa a présenté son travail à la Tate Modern de Londres, à la 54e Biennale de Venise (Arsenale Novissimo), à Transmediale à Berlin, à MUTEK à Montréal, à eARTS à Shanghai et à Sonar à Barcelone. En 2010, il a reçu le Golden Nica du Prix Ars Electronica dans la catégorie Musique numérique et art sonore.
Description de l’œuvre : Skadw- est une installation audiovisuelle immersive explorant la manière dont les ombres influencent notre perception de l’espace. Elle accorde la priorité à la profondeur et à la résonance générées par les ombres, plutôt qu’à l’expression directe de la lumière.
Un faisceau lumineux intense entre dans l’espace par une fente allant du sol au plafond, interagissant avec une brume éclairée depuis six angles différents. Il en résulte un brouillard dense où lumière et ombre se croisent. Cette brume se déplace lentement et de manière imprévisible, générant des variations uniques et des ombres en perpétuel mouvement qui créent un environnement méditatif. La lumière et le son sont synchronisés, chaque source lumineuse étant contrôlée indépendamment en termes de luminosité et de teinte, entraînant des fluctuations continues des ombres projetées sur le brouillard. Cette interaction crée une expérience spatiale dynamique et abstraite.
En l’absence d’objets physiques, le brouillard épaissit les ombres, lesquelles finissent par définir l’espace, transformant fondamentalement la perception spatiale. L’installation intègre le concept esthétique japonais de « Ma », qui incarne la beauté de l’espace, des intervalles et du vide. Dans skadw-, ce « Ma » émerge à travers le silence et l’obscurité, générant un sentiment de suspension, de méditation et, enfin, de relâchement des tensions.
Par la synchronisation de la lumière et du son, le spectateur ressent une forme d’unité avec l’espace lui-même. La lumière filtrant par la fente évoque la sacralité, et les transitions entre lumière et ombre s’inscrivent dans la mémoire de l’espace. Bien que skadw- mette en scène la lumière, elle valorise les « ombres » qui en naissent, soulignant la richesse du contraste entre le clair et l’obscur. Ce qui subsiste après que la lumière s’est éteinte et que le son s’estompe, c’est la mémoire d’un espace tissé par les ombres – une tentative d’imprimer au spectateur la beauté de l’invisible.