Jumairy
Biographie :Jumairy, artiste émirati, explore les potentialités du son, du film, des technologies numériques et de la performance pour créer des mondes immersifs composés d’expériences sensorielles. Plutôt que des productions closes et finies, ses œuvres se présentent comme des traces, des allusions qui investissent et transforment l’espace, agissant comme des provocations qui entraînent le spectateur hors du temps et du lieu présents, vers des dimensions imaginées.
Ces expériences constituent la matière vivante de sa pratique artistique, une discipline en constante expansion, jalonnée d’actes performatifs, d’expériences scientifiques et de rituels énigmatiques, qui prennent place sur une pluralité de supports - de la scène au grand écran, jusqu’aux applications mobiles.
Sa musique obéit à la même logique prismatique : une électro-pop arabe mêlée à la dissonance brute de la musique industrielle. À travers cette cartographie fluide et évolutive, l’artiste façonne un canal d’expression global à travers lequel il explore des questions psychologiques et entreprend un travail de mise à distance du traumatisme - intime comme collectif.
Description de l’œuvre : Echo émane d’un lieu vers lequel l’artiste revient sans cesse ; un espace façonné par l’eau, la nuit, et ces parties silencieuses de soi qui ne parlent que lorsque tout le reste se tait. Le lieu où vit son ombre.
Inspiré par les écrits du psychanalyste suisse Carl Jung, Jumairy propose une installation interactive invitant les spectateurs à contempler leur double ombré reflété : leurs émotions refoulées, leurs instincts, leurs moi inconscients et oubliés.
L’exploration de l’ombre par Jumairy commence avec son installation lumineuse et sonore Luciferin Shores, dans laquelle il trace une bioluminescence artificielle sur la plage de Lulu Island, à Abou Dhabi, en poursuivant un souvenir d’enfance. Plus récemment, avec Qumeirah, il déconstruit la lune et en transporte les fragments à travers le centre-ville de Dubaï, lors d’un rituel nocturne, avant de les immerger dans l’eau, scellant ainsi une relation entre la lumière et la mer, entre l’identité présente et future.
Ces œuvres lui ont permis de revenir aux eaux de son enfance : les plages de Jumeirah, où l’attraction lunaire s’est manifestée pour la première fois à lui. Tel est le projet d’Echo : non pas un simple reflet, mais un espace où quelque chose d’inconnu émerge - une présence, un souvenir, une sensation.
Le titre de l’installation fait référence à la nymphe maudite Écho dans les Métamorphoses d’Ovide, un récit qui hante encore l’artiste. Écho, dont la voix ne pouvait que répéter, languissait d’amour pour Narcisse. Son absence dans le regard de celui-ci. Son désir, voilé et inaudible, piégé dans une boucle. Jusqu’à ce qu’elle devienne son ombre.
Cette même écho résonne encore ici. Dans l’eau, là où les ombres sont douces, mouvantes, lumineuses. Ce n’est pas un miroir. C’est une présence. Une question. Un murmure. Le reflet de votre moi, votre moi-ombre.